Les éditions Sindbad ont été fondées par Pierre Bernard en 1972. En vingt ans, jusqu’à 1992, y ont été publiés quelque 160 titres, portant tous sur le monde arabe et l’Islam. Travail considérable lorsqu’on y pense, car Sindbad, par la qualité et le nombre de ses publications, a libéré le domaine arabo-musulman du ghetto de l’orientalisme universitaire. Par ailleurs, c’est à Sindbad de Pierre Bernard que nous devons la traduction d’auteurs comme Naguib Mahfouz et Tayeb Salih, de nouvelles traductions d’écrivains classiques comme Jâhiz ou Ibn Hazm, la popularisation des travaux d’un Hassan Fathy, etc… Sindbad a accompagné le renouveau des études arabes en France dans les années 70 et 80. Et ce n’est pas un hasard si deux des arabisants les plus rénovateurs, Jacques Berque et André Miquel, chacun dans son domaine, l’ont en quelque sorte parrainé. J’ajoute que Pierre Bernard était un éditeur de race, traitant chacune de ses publications avec un savoir-faire et un raffinement peu communs. C’est cette tradition que nous souhaitons prolonger, en tenant compte évidemment des changements considérables de ces dernières années, aussi bien dans l’approche politique, scientifique ou littéraire du monde arabe que dans l’édition elle-même et les moyens de diffusion.
Sindbad Jeunesse, une collection français-arabe
Sindbad Jeunesse, c’est un espace d’échange et de résonance, au croisement des langues, des histoires, des imaginaires. Un espace pour dessiner dans les deux écritures, arabe et française, un même paysage sans frontières, offert à ceux, petits et grands, qui embarquent dans la lecture comme dans une aventure. Le tout dans des traductions de Sarah Rolfo , Georgia Makhlouf et Lina Ayoubi-Varlet.
Actes Sud/Sindbad est aujourd’hui l’éditeur le plus engagé dans la traduction en français de la littérature arabe, notamment la création contemporaine. Il ne peut pas, cependant, à lui seul, rattraper les retards accumulés de toute l’édition française. Je souhaite, par conséquent, que d’autres éditeurs y contribuent, chacun dans son domaine de prédilection, et qu’ils le fassent de façon raisonnée, à partir d’un projet éditorial. Pour notre part, et le programme 1996/1997 le montre, nous publierons chaque année de dix à quinze ouvrages traduits de l’arabe (et très prochainement quelques traductions du persan et du turc) en plus des auteurs français ou francophones.